Actualités

Quel délai de prescription pour l'action de la banque contre le particulier caution d'un prêt ?

Cass. 1e civ. 6-9-2017 n°16-15.331

L'action de la banque contre un particulier, caution solidaire du crédit immobilier consenti à une SCI, n'est pas soumise à la prescription du Code de la consommation, la banque n'octroyant aucun service à la caution.

L'action des professionnels pour les biens et services qu'ils fournissent au consommateur se prescrit par deux ans (C. consom. art. L 137-2 devenu L 218-2).

En 2007, une banque consent par acte notarié un prêt immobilier à une SCI constituée par des époux pour l’achat d’une propriété à usage d’habitation. Le prêt est garanti par le cautionnement solidaire des époux. Impayée, la banque poursuit les cautions en exécution de leur engagement. Les cautions lui opposent alors la prescription de l'action, engagée plus de deux ans après le premier incident de paiement non régularisé.

Peine perdue : la banque ayant bénéficié de la garantie personnelle des cautions sans leur avoir fourni aucun service au sens de l'article L 137-2 précité, la prescription biennale du Code de la consommation est inapplicable à son action en paiement.

 A noter : L'ex-article L 137-2 du Code de la consommation (devenu L 218-2) concerne l'action des professionnels pour les biens et services qu'ils fournissent au consommateur. La Cour de cassation précise progressivement le champ d'application de ce texte. Ainsi, le délai biennal s'applique à l'action en remboursement de sommes prêtées au titre d'un crédit immobilier (Cass. 1e civ. 28-11-2012 n° 11-26.508) ainsi que, d'une manière générale, à tous les services financiers consentis par des professionnels à des particuliers (Cass. 1e civ. 11-2-2016 n° 14-22.938). Constitue notamment un tel service le cautionnement accordé par une société de cautionnement pour garantir le crédit immobilier souscrit par des particuliers auprès d'une banque, de sorte que l'action de la caution professionnelle à l'encontre des emprunteurs est soumise au délai du Code de la consommation (Cass. 1e civ. 17-3-2016 n° 15-12.494). La décision commentée montre que tel n'est en revanche pas le cas de l'action de la banque contre la caution qui garantit un crédit immobilier, la banque ne fournissant aucun service à cette dernière. Le délai de droit commun de cinq ans doit donc s'appliquer. C'est la première fois à notre connaissance que la Haute Juridiction se prononce sur la question. Rappelons également que la prescription biennale ne s'applique qu'aux actions de nature contractuelle (Cass. 1e civ. 9-6-2017 no 16-21.247).

La SCI, en revanche, bénéficiait du service financier de la banque. Mais le délai biennal de prescription ne s'applique qu'aux actions visant un consommateur, défini comme la personne physique agissant à des fins qui n'entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, agricole ou libérale (C. consom. art. liminaire). Une personne morale, comme une SCI, ne peut donc jamais s'en prévaloir, fût-elle une société de famille sans activité professionnelle. A l'égard de la SCI, le délai de prescription est donc également de cinq ans.